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”le football, c’est un peu une femme, une compagne, une autre moitié, quoi”

Didier ROUSTAN, après avoir mis ses talents au service de TF1 (Téléfoot), de France 2 (Terre de Foot”, de Canal Plus (Mag Max), exerçait sa passion sur “L’Equipe TV”. Il avait animé sur cette chaîne jadis isséenne  ”ENFIN DU FOOT”, un magazine ”précurseur” d’actualités et d’opinion au cours duquel il invitait régulièrement des personnalités du monde du football collant parfaitement à sa sensibilité. Passionné de Football sud-américain et fervent défenseur de l’AS Cannes, évidemment, mais surtout d’un football sain et par conséquent à assainir, il a été à l’origine, peu de journaux qui lui ont rendu hommage en ont parlé, d’une initiative et projet CITOYEN sur le football, une idée parfaitement dans sa logique. Nous étions en 2003.

Photo : Emmanuel LELAIDIER / HAC-FOOT.com


La GENESE :

Extrait de ”La Lettre de l’économie du sport n°679′

La Ligue Méditerranée de football, qui compte 110 000 licenciés sur six départements, lancera à compter du 18 octobre 2003 un “championnat citoyen” dans le secteur amateur. L’objectif de cette initiative est de sensibiliser les jeunes joueurs au respect des règles de bonne conduite sur le terrain. Initié par le journaliste de télévision Didier ROUSTAN, originaire de Cannes (Alpes-Maritimes), ce championnat consistera principalement en la mise en place d’une “grille d’évaluation”, remplie à l’issue de chaque match par les arbitres officiels.
Parmi les critères d’évaluation figureront les comportements de l’équipe, de l’entraîneur, du capitaine, du banc de touche, du public, le niveau d’accueil et de sécurité. Ces critères seront notés selon un barème allant de -3 à +3 et les résultats donneront lieu chaque mois à un classement citoyen.
Le projet, qui pourrait être étendu à d’autres régions, prévoit ensuite un accompagnement des clubs, via l’intervention d’équipes de psychologues du sport auprès des éducateurs. A noter qu’une émission télévisée hebdomadaire, consacrée à cette opération, sera lancée dès le 21 octobre sur l’Equipe TV, chaîne sur laquelle officie Didier Roustan. “Le but de l’opération est de faire prendre conscience aux clubs que les résultats sportifs ne doivent pas primer sur tout et qu’il est important que l’enfant s’épanouisse à travers le sport”, explique le journaliste.

Plus de 20 ans après on se rend compte que Didier ROUSTAN avait bien raison de mettre un focus sur ce problème.
La FFF, de son côté, n’a malheureusement pas suivi. Dommage !
Seule l’association LIBERO EDUCATION (https://www.liberoeducation.org/) a repris le flambeau en 2009.

Nous avions rencontré Didier ROUSTAN au siège de l’Equipe, à l’époque à Issy-les-Moulineaux, pour lui demander d’écrire pour le journal papier de notre club de Football Entreprise, un édito au sujet pour lequel nous lui avions laissé carte blanche (cf ci-dessous). Quelques années plus tard, en 2011, il avait, à notre amicale demande, monté une équipe mixte AS ORANGE/joueurs ex-professionnels (Amara SIMBA, Laurent ROBERT, Diomansy KAMARA, Samuel IPOUA…etc) pour affronter le VARIETES CF, le but de la rencontre étant de financer une école au Sénégal. Son implication avait été remarquable et l’école Handiscole a pu voir le jour.
Ce sont là quelques raisons pour lesquelles, quelques jours (le 20 Septembre) avant ses obsèques à Cannes, nous avons décidé, en hommage à ce grand monsieur, sincère, respectueux, innovant, humain, fiable et attentif aux autres quels qu’ils soient, de vous livrer ce très beau texte très révélateur de sa personnalité et de ses valeurs.

Un édito sur le foot avec carte blanche…vaste programme…car le foot est toute ma vie (enfin presque…). Il est d’ailleurs constamment relié à la vie car il est tout simplement la vie.
Déjà, avant de voir le jour, j’ai été plusieurs mois bien au chaud à l’intérieur de cette forme arrondie, j’étais en quelque sorte la valve du ballon…et puis, et puis, il y a l’autre, les carottes dans les cheveux, qui a jamais vu un peigne, qui est méchant comme une teigne…Je m’égare. Je dribble trop, il me faut jouer plus simple, désolé….. Donc le football, disais-je, c’est un peu une femme, une compagne, une autre moitié, quoi. Aussi loin que je me souvienne, cette femme a été dans mon sillage, logique, me direz vous, puisque d’origine antillaise du côté de ma mère, marseillaise du côté de mon père, ayant vécu mes premières années en Afrique et pour couronner le tout, habitant à Cannes à 50m du stade de foot de la ville. Ainsi, je ne vois pas comment j’aurais pu échapper aux crampons de cette étrange créature (en plus, je ne portais jamais de protège-tibias, ce n’était pas obligatoire en ce temps là…). Sans le savoir alors, j’étais déjà pris au piège (du hors-jeu?), j’étais le prisonnier et comme celui de la fameuse série télévisée, je n’étais qu’un numéro car j’allais l’apprendre rapidement, la belle (de Cadix aux yeux de velours…) avait eu des dizaines, des centaines, des milliers, des millions, des milliards d’amants à travers le monde. Qu’à cela ne tienne, elle m’a apporté, tout appris sur moi, sur les autres, sur la vie, et oui on y revient encore et encore, c’est que le début d’accord d’accord…Plus je m’éloigne et moins je respire…Evidemment tout ne fût pas toujours simple, bien sûr, nous eûmes des orages, 45 ans d’amour, c’est l’amour fort…et il le fallait bien car parfois je vécus à ses côtés certains orages, certaines désillusions.
Et c’est l’éternelle question: en était-elle responsable? Non si on part du principe, qu’aussi belle soit elle, ce sont les abrutis, les ignorants qui n’ont pas su la respecter, la caresser, l’aimer…la femme qui est dans mon lit n’a plus 20 ans depuis longtemps…la bouche usée par les baisers trop souvent mais trop mal donnés…
OUI, si finalement c’est elle qui par je ne sais quel esprit maléfique, engendre les passions de manière, disons malsaines…Nous sommes d’accord, la passion est indispensable à notre quotidien, elle fait même office de luxe puisque le quotidien en question n’a rien de bien réjouissant pour 95% de la planète (les 5% restants se mélangeant même souvent avec les autres, il faut bien qu’il y ait parfois une justice, merde!). Mais elle est souvent, on le sait – la passion, ne perdons pas le fil du match – destructrice puisque les gens suivent le vent (et oui AGAINST THE WIND c’est pas toujours facile…) et que celui de notre société a des relents d’individualisme, d’argent, de pouvoir…enfin pour tout dire, de bêtise.
Bon, avant de me tirer une balle (de foot of course) dans le pied, je me mets encore à espérer qu’un jour les hommes s’aimeront d’amour et alors, outre le fait qu’il n’y aura plus de misère, la belle nous offrira ses plus beaux attributs (de Maradona…), ce qui a été et reste encore un peu le cas d’ailleurs, ceux qui ont joué au foot, ceux qui l’aiment, bref ceux qui sont censés lire ces quelques lignes me comprendront. Enfin j’espère…

Didier ROUSTAN