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Après la guerre et la redemarrage, l’essor s’est produit à partir des années 1960. 

C’est justement au début des années 60 qu’aux clubs issus du tissu industriel s’ajoutent des formations corporatives issues du secteur tertiaire. Les banques, les entreprises à caractère social, les compagnies d’assurances, les sociétés nationales, les organisations départementales et municipales, créent ou bien améliorent au sein de leur activité, avec l’appui des comités d’entreprises, des sections sportives. Ces dernières alimentent les championnats déjà mis en place. Ainsi, le football corporatif devient plus intéressant et plus représentatif de la société française tel qu’elle existe à cette époque.

Les ligues régionales sont chargées d’apporter aide financière et organisationnelle à cet essor. Mais déjà, certaines ont anticipé le phénomène notamment dans les régions où l’activité industrielle était déjà bien établie. Ainsi, la Normandie, l’Ile de France, la Lorraine, le Nord-Pas de Calais, la Méditerranée deviennent les pôles géographiques principaux de cette progression.

La Coupe Nationale Corporative est le reflet de cette évolution. Il n’y a, pour le moment, que des championnats régionaux qui désignent chaque année leurs vainqueurs respectifs, les coupes ont leurs vainqueurs. Les champions de chacune des Ligues ne se rencontrent pas. Mais la Coupe Nationale devient tout à coup plus attrayante pour ces champions régionaux qui souhaitent se situer sous forme de hiérarchie en affrontant les équipes issues des autres régions après l’écrémage local.

Or, comme dans les régions, les hiérarchies sont peu mouvantes, très vite il apparaît que les meilleures équipes s’affrontent en Coupe Nationale durant les tours ultimes. Ainsi apparaissent des clubs qui vont laisser leur empreinte dans la mémoire collective. Ce sont tout d’abord les secteurs industriels ou commerciaux lourds qui sont en haut de l’affiche, Dunlop, Guaranty durant l’entre deux guerres, puis US Tailleur, Polymécanique, Auto Peugeot Montbéliard, Cocard, Francia Rouen ensuite, jusqu’à l’arrivée en élite des équipes du tertiaire, Halles Présence Montpellier (base du future Groupe Nicollin, puis Municipaux Montpellier).

Enfin, comme une exception voulant confirmer la règle, les Journaux Officiels Paris remportent l’épreuve en 1971 et qui restent, à ce jour, la seule équipe issue d’un championnat corporatif du lundi à avoir remporté la coupe nationale. En région parisienne, les années 60 et 70 sont la grande époque où le championnat est souvent indécis. Si certains clubs sont plus médaillés que d’autres, Tunzini, Unic Fiat Trappes, US Tailleur Paris, d’autres jouissent également d’une petite notoriété au sein du football francilien.

Dans les années 60, c’est le cas de Labinal, Aubert et Duval, Douanes, AS Auteurs, Télémécanique, Morane. Un peu plus tard dans les années 70, apparaissent Chrysler Poissy, AS Finances, l’APSAP, Ambassadeur (ex Dubonnet), Sovirel, AAF Rateau, Air France Paris, IBM, Crédit Lyonnais et Dunlop Le Bourget. Toutes ces formations ont touchent du doigt l’élite parisienne ou bien s’en approchent de manière significative et récurrente. Curieusement, les formations dites « nationalisées » restent encore dans le giron civil, l’AS PTT Paris, la Police (ASPP), pour leurs équipes d’élite, mais possèdent leurs autres équipes dites locales dans le cadre corporatif.

Ainsi, en regard des contraintes professionnelles, le lundi après-midi, autre jour de fermeture du secteur commercial ou tertiaire, est le moment de rencontres en région parisienne d’un championnat fort séduisant, qui outre l’AS Journaux Officiels précédemment évoquée, regroupe les équipes sectorisées des PTT, tels que PTT Cler, PTT Brune, PTT Louvre, mais aussi d’administrations comme le Rectorat de Paris, ou de commerces  comme l’AS Coiffure. Peu à peu, l’évolution du secteur tertiaire et l’ouverture 6 jours sur 7, voire plus, des services, fera que ce championnat du lundi sera galvaudé. Les équipes qui pourront intégrer le samedi le feront, les autres disparaîtront ou bien se lanceront dans un critérium de football loisir du lundi soir. 

Auparavant, la Fédération a mis en place la licence unique, de manière à ce chaque joueur ne puisse plus évoluer tant le samedi (ou lundi) que le dimanche. Le joueur dès lors doit faire un choix. De fait, le niveau du football corporatif est revu à la baisse, car l’attrait financier, ajouté à l’intérêt sportif, incite nombre de joueurs et notamment les meilleurs à opter pour les compétitions du dimanche.Alors durant quelques années, du fait d’un niveau plus accessible à d’autres équipes, le championnat devient plus homogène et les écarts de niveau entre les divisions se restreint. Ce qui se vérifie en Ile de France trouve également sa vérité en province et se reflète dans le Coupe Nationale Corporative.

Cette évolution est autant quantitative, plus de brassage et donc plus de clubs différents amenés à évoluer dans les élites régionales, que qualitative avec l’inscription, dans le palmarès de la Coupe, de clubs « nouveaux ». Ainsi sont élus les Municipaux d’Epinal, Serel Nice, Aérospatiale Marignane, ou encore le Crédit Agricole Roubaix , tandis qu’apparaissent dans l’élite parisienne des formations telles que l’ASPTT CNET, Air Inter, Decauville, SCPO Ivry. 

Mais cette évolution, effective entre 1970 et 1980, prévisible en regard de celle de l’ économie française dont elle est le parallélisme parfait, avait été anticipée par les instances du football. La récession économique et un remodelage de l’activité industrielle ajoutés à l’évolution des secteurs commerciaux vont changer le contexte et  amener des  modifications irréversibles. Celles-ci auront une grande influence sur l’activité des entreprises, et bien évidemment  par ricochet sur le sport corporatif. 

Rédacteur : Bernard DUCELLIER (et Daniel TESTE)

Photos : Daniel TESTE et Yves BINET