Municipaux Chenôve : une belle aventure humaine
Depuis une dizaine d’années, Cécile MARTIN donne de son temps et de son énergie à son club des Municipaux Chenôve (Ligue de Bourgogne Franche Comté), un club prochainement quarantenaire.
Elle ne compte pas les heures qu’elle a offertes et qu’elle continue d’offrir à son club pour le maintenir sur les rails. Il est vrai que la disparition d’Azzedine MESSAI, il y a quelques mois, a semé la tristesse mais aussi le désarroi au sein de ce club exemplaire.
Après réflexion, et par fidélité et affection pour Azzedine, Cécile a décidé, non sans courage, de prendre en main les destinées du club et d’en devenir Présidente. A ce titre elle mérite d’être remerciée. Sa gentillesse tout autant.
Nous l’avions rencontrée, pour la première fois en 2018, lors du Tournoi national UNFE Football Entreprise à Valenciennes où elle officiait en tant que photographe. L’objectif, elle connait donc et ceux de son club sont simples, modestes et sains : fair-play, diversité, solidarité et respect des différences.
Cécile MARTIN (Présidente du club)
Quel est ta situation professionnelle?
Je suis chargée de communication à la Ville de Chenôve, où j’ai été embarquée sur les terrains du football entreprise que je n’ai jamais quittés depuis.
Te souviens-tu de ton premier match officiel comme dirigeante ?
Difficile de me souvenir car j’étais déjà présente en foot civil et participais à la vie des Municipaux de Chenôve sans y être dirigeante : alors savoir à quel moment ce fut le premier match officiel, je n’ai pas de repère. Par contre mon premier match officiel en tant que présidente du Club restera dans ma mémoire, un moment précieux de retrouvailles après confinement mais aussi un instant douloureux en mémoire de notre président Azzedine. Accepter d’être à une autre place que celle que j’ai eue durant 9 ans, pas simple pour moi.
Qu’est-ce qui t’agace le plus sur et autour du terrain ?
Ah, pour moi il y a un style de comportement qui m’agace au plus haut point. C’est l’égoïsme et l’individualisme en inadéquation avec les valeurs du sport collectif et de ma vision de la famille.
Alors l’important pour moi, c’est de voir mes joueurs donner le meilleur d’eux même ensemble durant tout le match où l’on doit accepter les erreurs ou encore se réjouir d’une réussite de ses coéquipiers. C’est aussi venir supporter ses coéquipiers même si je n’ai pas été sélectionné.
Aux Municipaux de Chenôve, nous avons toujours dit :
« Les performances individuelles, ce n’est pas le plus important. On gagne et on perd en équipe » comme le disait Zinedine Zidane.
Quel est ton meilleur souvenir en tant que dirigeante ?
Mon meilleur souvenir ?
Même s’il faut que j’avoue que ce fût depuis mon arrivée aux Municipaux de Chenôve une farandole de souvenirs, je dirai sportivement la joie et le sourire de l’équipe et d’Azzedine lorsque nous avons remporté la Coupe de Bourgogne après un match très difficile en 2015. Voir une telle effervescence et cohésion est un grand souvenir.
Mais c’est aussi les moments de convivialité à Noël ou lors des tournois nationaux et internationaux. Comment oublier lorsque vos joueurs vous annoncent qu’ils prennent l’avion pour la première fois pour un séjour sur une île ou lorsqu’ils pensent être arrivés à destination et que vous leur annoncez que ce n’est qu’une escale.
C’est d’ailleurs pour éviter d’oublier ne serait ce qu’un seul souvenir que j’immortalise au quotidien les moments du club à travers la photo.
Un joueur t-a-t-il, un jour, fait un compliment pour ton action de dirigeante ?
Sur ce point, j’ai toujours eu une chance inouïe avec mon équipe. Ils ont toujours su à leur manière me remercier de tout ce que j’ai réalisé et fait pour eux. Mais je crois, que ce qui m’a le plus ému, fût le jour où j’ai reçu un message de notre coach qui arrêtait ses fonctions (mais qui ne quittait pas le club).
Ces mots de remerciements m’ont énormément touchée.
Quelle est ta principale qualité dans ta fonction de dirigeante?
Après beaucoup de réflexion (Lol), je dirai ma générosité. J’aime la convivialité, ces moments privilégiés indispensables à la cohésion autour d’un verre et de petits plats maison pour faciliter les échanges ou encore lors d’un déplacement ou voyage. Organiser ces temps de découverte ou de partage est indissociable du sportif.
‘’Un club doit être un catalogue de la vie’’.
Comment se passe ton action au sein d‘une équipe d’hommes ?
S’investir dans une équipe masculine fut pour moi une intégration au fil des années menée avec Azzedine. C’est lui qui m’a embarquée dans l’aventure et qui a toujours pris soin de mon bien être dans l’équipe. J’ajouterai que le temps a fait son travail et m’a permis de gagner la confiance de l’ensemble des licenciés et de trouver ma place. Un environnement que j’apprécie et que j’ai appris à connaître lors de mes premières études en transport logistique, j’ai eu souvent à faire aux métiers « d’hommes » ce qui a rendu mes actions au sein des Municipaux de Chenôve simples et naturelles.
Après la très difficile saison passée pour ton club, comment s’est réalisé le début de celle en cours ?
Au vue du contexte actuel, la reprise de la nouvelle saison ne fût pas simple mais il était important que l’équipe se retrouve après une dure période de confinement. Reprendre le chemin du stade était et est encore une fois nécessaire pour l’ensemble des Municipaux pour poursuivre leur passion commune et l’hommage quotidien à Azzedine qui était un président mais avant tout un ami pour un très grand nombre de licenciés.
Plus généralement, dans le monde du football, quelle est la qualité chez la femme qui fait la différence : l’intuition, une meilleure prise en considération des aspects humains, la sagesse…etc ?
Je ne pense pas que la femme ait une qualité qui fasse la différence, ce n’est pas une question de sexe pour moi mais plutôt une question de sensibilité, de cœur et de valeurs. Et ça, c’est la personnalité de l’individu qui fait la différence.
Penses-tu que les salariées féminines des entreprises de la ville de Chenôve pourraient être intéressées par des nouvelles pratiques du football ludiques et conviviales voire mixte au sein des équipes ?
A ce niveau, je ne pourrai pas m’engager pour mes collègues mais dans tous les cas ce n’est pas une volonté dont j’aurai eu écho à ce jour.
Penses-tu que les entreprises du bassin pourraient être favorables à la mise en place de telles initiatives dans la mesure où elles seraient accompagnées par le District ou la Ligue ou la LFA ?
De telles initiatives ne sont pas portées à ma connaissance. Mais au vue des difficultés rencontrées dans le monde du football entreprise en Bourgogne-Franche-Comté, je ne pense pas que cela soit la solution première à développer pour redynamiser la pratique. Pratique que nous devons sauvegarder au vue des valeurs « familiales » qu’elle véhicule. Peut-être que les équipes mixtes permettraient de faciliter des vocations auprès des sociétés afin de créer de nouveaux clubs.
NDLR : la pratique mixte
Parmi les cinq mots qui suivent, quel est celui qui définit le mieux ‘’le(la) dirigeant(e)’’ ? Don de soi, sacerdoce, plaisir, reconnaissance, une école de vie ? Si vous en avez un 6ème, n’hésite pas !
Pour ma part, je dirai sans hésiter que le rôle de dirigeante est une véritable école de vie remplie de joie. Bien sur, le don de soi et le plaisir sont incontournables et font parties du quotidien. Mais en 9 ans il n’y a aucun lieu qui ne m’aura autant apporté et appris : une véritable richesse humaine.
Que t’inspire le mot ‘’bénévolat’’ de nos, jours ?
Le bénévolat est pour moi un véritable engagement que tu ne peux réaliser que si tu aimes donner aux autres et est passionné.
Chaque bénévole au moins une fois dans son parcours a eu envie d’abandonner en raccrochant les crampons, mais difficile d’oublier la générosité et les talents de chaque être humain, la richesse des personnalités que l’on côtoie et les qualités de chacun. Trop rare dans notre société d’aujourd’hui, il apporte pourtant un véritable enrichissement personnel.
Quels est ton sentiment sur le Football Entreprise en général et sur ses valeurs?
Le Football Entreprise a un grand nombre de qualités. C’est une micro société qui rassemble des individus de tous horizons autour d’une même passion. L’une de ses richesses, c’est de représenter à la fois, sa région, sa fédération et son entreprise. Cela demande beaucoup de respect, de fair-play et de rigueur. Sa petite taille favorise les actions en faveur de l’intégration, de la convivialité et du dépassement de soi. Il est pour moi un facteur de découverte de toutes les générations mais aussi le moyen de mieux comprendre l’autre pour mieux se comprendre soi-même. C’est une grande école de la vie, une aventure humaine et sportive.
En faisant un peu de fiction, si tu avais la possibilité de rencontrer pendant cinq minutes, M LE GRAET, que lui-demanderais-tu pour le Football Entreprise en général et pour le Football Entreprise au féminin ?
Tout d’abord je lui demanderai de me donner sa perception du football entreprise afin de le solliciter pour obtenir des ligues et districts la même considération que les autres pratiques footballistiques. J’aimerai, que sur chaque territoire, les instances instaurent une équité pour toutes les disciplines.
MERCI