Jean-Pierre GIVONE : une vie de foot !

Ceux qui ont déjà la chance de connaître Jean-Pierre GIVONE devraient apprécier cet entretien dans lequel, à travers ses réponses, ils vont sans doute se replonger dans quelques bons souvenirs. Les autres vont avoir le plaisir de découvrir un homme passionné, qui a beaucoup donné au football et qui l’a fait avancer tout au long de son parcours, et ce à toutes les étapes de sa trajectoire.
Alors, pourquoi un entretien avec Jean-Pierre GIVONE ?
Relisez la phrase précédant la question et vous aurez une partie de la réponse. Il faut rappeler que la finalité de nos RENCONTRES DU MOIS est de mettre en visibilité une personnalité qui a œuvré et qui œuvre toujours pour faire avancer les choses dans le monde du football mais pas que. C’était le cas, au mois de Mars avec Aurélie BRESSON, une des porte-paroles du sport féminin (retrouvez cet entretien) 

C’est évidemment le cas de Jean-Pierre GIVONE dont le brillant cheminement l’a fait passer par le terrain comme joueur et éducateur, puis Secrétaire départemental au sein du District de Provence, puis régional et national avec la Ligue de Méditerranée et l’Union des ASPTT. Aujourd’hui (depuis 2017) il est Président général de l’ASPTT Marseille, une structure omnisports historique née en 1907 toujours enviée de par les valeurs qu’elle véhicule, en particulier, auprès des jeunes. Forte de 30 sections, 50 disciplines et près de 7000 adhérents, elle est très active localement avec, comme dernier exemple, un partenariat gagnant/gagnant (OM Next Génération Champion) signé avec l’OM et qui concerne les jeunes talents (retrouvez l’article sur ce partenariat)

L’ASPTT Marseille est dotée d’une section football conséquente qui comporte 500 licenciés et 20 équipes principalement de jeunes et de féminines. Son équipe de l’ASPTT Marseille Foot Entreprise a dû stopper son activité suite à l’arrêt des compétitions dans le District de Provence il y a trois ans. Mais, étant donné l’évidente proactivité et les idées du nouveau Président du District, Mr Erick SCHNEIDER, il est possible que l’ASPTT Marseille et Jean-Pierre GIVONE puissent bien être tentés de la remettre sur les rails prochainement si les conditions sont réunies. Affaire à suivre.

Côté terrain, sa vélocité, son physique et sa grinta ont permis à Jean-Pierre GIVONE de porter le maillot de l’équipe de France PTT et d’évoluer à  très bon niveau régional qui aurait pu encore plus s’élever si les conditions avaient été réunies pour qu’il signe à l’AS Cannes.

Nos recherches, pour en savoir plus sur Jean-Pierre, nous ont aussi conduits vers Jean TIGANA, dont le papa était facteur, et qui a commencé sa carrière à l’ASPTT Marseille. Il a effectué ses premiers pas à l’ASPTT Marseille, au stade René Magnac, en catégorie Pupilles (de 1965 à 1967) avant de rejoindre le SO Caillols, club le plus proche de son domicile car ses parents n’avaient pas de moyen de locomotion. Il est actuellement reconverti dans le vin dans le sud de la France sur les hauteurs de Cassis en tant que propriétaire d’un domaine réputé. Nous avons essayé de le contacter…en vain !
Comme Jean-Pierre, Jean TIGANA a donc connu les deux clubs de l’ASPTT Marseille et des Caillols mais en sens inverse.

Jean Tigana à domicile

Pour couper court cette introduction, on peut considérer Jean-Pierre GIVONE comme un véritable couteau suisse, un homme à tout faire efficacement et rigoureusement, un homme d’action, un modèle d’investissement. C’est un passionné, fervent de justice. Un homme qu’on apprécie et qu’on respecte.


Jean-Pierre GIVONE

Son parcours

1/ Depuis tes premiers pas au club du SO Caillols, que de chemin parcouru : quel est ton fil rouge, ton fil conducteur ?

En fait, aucun plan de carrière. Seulement des opportunités, des circonstances et des rencontres. Me rendre utile et essayer de toujours faire pour le mieux.

2/ Né à Aubagne, tu as passé ton enfance à Marseille non loin du Stade Vélodrome et tu as effectué tes premiers pas sur un terrain dans le club formateur du SO Caillols, le club de Jouve, Rizzo, Travetto, Chaffard, Cantona, Luccin, Galtier, Tigana et bien d’autres.
Quelles raisons t’ont poussé à le quitter pour signer à l’ASPTT Marseille ?

A la fin de la saison sportive 1967-68, nous disputons la finale du championnat de Provence Juniors excellence contre l’ASPTT Marseille au stade de l’Huveaune. Nous remportons cette finale 3-1 et nous accédons au Critérium Juniors. Quelques jours après, le papa d’un de nos joueurs me fait savoir que les dirigeants de l’ASPTT Marseille lui ont fait part de leur intérêt pour 2 joueurs donc moi à ma grande surprise. Mes parents sont informés mais les dirigeants des Caillols s’opposent à ma mutation. Ces derniers « m’ont programmé » pour le centre de formation de l’AS Cannes et trouvé dommage de ne pas saisir cette opportunité. A cette époque, je prépare un BTS de mécanique générale et je me trouve très bien dans mon club.

Pourtant, l’argument des dirigeants postiers va l’emporter avec la promesse d’un emploi aux PTT ! Pour mes parents, l’argument fonction publique vaut son pesant d’or à cette époque. J’ai signé à l’ASPTT Marseille le 15 juin 1968. Le 10 juillet, je faisais mes premiers pas de postier au centre de tri postal de Marseille Gare, avec à mes côtés, un certain Christian Coste, qui allait devenir quelques années plus tard, professionnel et international français. Je n’ai jamais eu à regretter ce choix. J’ai réalisé quelques années plus tard la peine causée aux dirigeants caillolais et surtout à son secrétaire général Arsène Manelli. Pourtant, il ne m’en a pas tenu rigueur puisque présent à mon jubilé en juin 1988 et surtout, il avait manifesté le souhait que je lui succède au comité consultatif du district de Provence, présidé alors par Gabriel Sénatore.

Equipe Anciens des SO Caillols invitée à Manchester par Eric Cantona
(match contre Sélection clubs de supporters)
3/ Pour raisons professionnelles, tu as dû ensuite ‘’t’exiler’’ à Paris et t’engager avec l’ASPTT Paris qui évoluait en DH, le dimanche, tout en possédant une équipe en Football Entreprise qui remporta d’ailleurs la Coupe nationale de Football Entreprise en 2004 face à Nicollin Montpellier.
Quel était ton poste de prédilection et ta qualité principale sur le terrain ?

J’affectionnais le couloir droit. En jeunes, c’était latéral droit. A mon arrivée à l’ASPTT Marseille, Fernand Chaze a fait de moi un ailier droit. A Paris, attaquant au tout début puis arrière droit. C’est là où j’ai pris le plus de plaisir et où j’ai été, je le pense, le plus efficace pour l’équipe. J’avais toute latitude pour longer la ligne de touche et me projeter vers l’avant. Il m’arrivait quelquefois de marquer des buts avec mon numéro 2 !

Avec la sélection corpo de Paris, c’était plutôt en défenseur latéral
Avec l’équipe de France UASPTT (30 sélections), j’étais aligné soit en 2 soit en 7, mon numéro fétiche. En ce qui concerne mes qualités, c’est certainement la vitesse, la vélocité, de l’abattage, (dixit mes dirigeants) une densité physique, une bonne détente, le courage souvent, qui devaient compenser mes nombreux défauts et mon petit gabarit de joueur. (1,68m).

Equipe corpo ASPTT Paris Cler, finaliste de la coupe de Paris en 1973
Equipe de France UASPTT 1974
Equipe DH ASPTT Paris 1972-73
4/ Après quelques années à Paris, tu es redescendu, comme disent les sudistes, dans ta région marseillaise et en particulier…à l’ASPTT Marseille comme joueur et secrétaire de la section football. Puis en 1981, tu as pris du galon et étant élu Secrétaire général du club omnisports et secrétaire interrégional des ASPTT PACA, soit un effectif de près de 35 000 membres.
Tu es aujourd’hui Président général de l’ASPTT Marseille, club historique et plus que centenaire, dont l’histoire est riche et très longue depuis sa création en 1907.
Outre ses 7000 licenciés, peux-tu nous expliquer ce qui fait la force et la remarquable réputation de ce club, un des plus grands clubs omnisports en France ?

J’aime à dire en ce qui concerne l’ASPTT Marseille que :

« les hommes passent mais l’esprit demeure ».

L’ASPTT Marseille est un véritable club omnisports dans le sens où toutes les sections sportives font partie intégrante de la vie associative du club. Pas de sections riches, pas de sections pauvres. C’est un club uni et solidaire. Dès que nous avons un projet important, notamment sur l’événementiel, nous savons que nous pouvons compter sur les forces vives des sections. Nos réussites sur les grandes manifestations comme le « Concours Le Provençal », « Le Défi Monte Cristo », « les 10 Km La Provence », pour ne citer que les dernières plus importantes, nous les devons à nos bénévoles issus des différentes sections du club.

Nos dirigeants sont volontaires, engagés et très attachés à leur club. Pour preuve, l’ASPTT Marseille est candidate à l’accueil et à l’organisation de l’événement intitulé « 125 ans de sport by ASPTT », initié par notre Fédération (FSASPTT). Si nous sommes retenus (en concurrence avec l’ASPTT Nantes), ce n’est pas moins de 2500 sportifs qui participeront pendant 4 jours, en mai 2023, à une quinzaine de disciplines, sur Marseille et alentours. 250 bénévoles seront nécessaires pour assurer l’ensemble de l’organisation.

Bien évidemment, nous ne sommes plus chaque week-end à la Une des quotidiens sportifs par nos performances mais nous restons très actifs sur la compétition, le loisir, sur les écoles de sport, sur le sport et la santé, thème que nous avons développé ces dernières années et qui trouve toute sa raison dans la période compliquée que nous traversons avec la pandémie.

Enfin, bientôt 115 ans d’existence et de sport. A cette occasion, nous éditerons » l’Histoire de l’ASPTT Marseille », ouvrage que nous sommes en train de rédiger et qui sera disponible en janvier 2023. Et l’Hippocampe, emblème de notre club, qui caractérise l’esprit familial de notre association, sera à l’honneur.

Photos du jubilé de Jean-Pierre GIVONE le 4 juin 1988
 Equipe 1ère de l’ASPTT Marseille leader de la PHA provençale
Saison 1979-1980
5/ Dans les années 70, et cela a perduré jusqu’à l’arrivée de Bernard TAPIE, l’ASPTT Marseille et l’OM avaient tissé des liens solides qui viennent d’être récemment réactivés dans le domaine de la formation à l’appui du partenariat OM Next Gen’. A cette époque, les joueurs de l’OM utilisaient, pour s’entraîner, les installations, dont un terrain stabilisé, de l’ASPTT Marseille situées en face du Stade Vélodrome.
Lors d’un de ces entraînements, sur lequel d’autres sections sportives s’activaient, Eric DI MECO avaient manifesté sa surprise observant des javelots qui passaient par-dessus les têtes ? As tu une autre anecdote sur cette époque à nous raconter sur des joueurs comme Roger Magnusson ou Josip Skoblar, un immense joueur que tu as toujours l’occasion de rencontrer.
Signature du partenariat OM Next Gen’ entre l’OM (Jacques-Henri EYRAUD)
et Jean-Pierre GIVONE (ASPTT Marseille)

Effectivement, nos dirigeants avaient tissé des liens très forts avec ceux de l’OM au début des années 60. L’équipe professionnelle utilisait les installations de l’ASPTT Marseille gracieusement. En retour, 2/3 matchs amicaux par saison entre nos équipes. Personnellement, en tant que joueur, j’ai eu le bonheur de connaître cette période. Rencontrer Djorkaeff, Kéruzoré, Bracci, Carnus, Jules Zvunka, Charrier, Six, Trésor, Bosquier, Beretta, Buigues, Magnusson, Skoblar, De Bono, Gransart, Anigo, entre autres, était un rêve que nous réalisions, nous amateurs de PH, les yeux grands ouverts. Il nous arrivait de prendre quelques déculottées, surtout au Stade Vélodrome mais à Magnac, dans notre antre, il nous arrivait quelquefois de les faire douter !

Match OM – ASPTT Marseille

A l’époque des Escale, Joseph, Fiawo, Lopez, Tassone, après les matchs, nous nous retrouvions à la cantine des PTT, 51, allée Léon Gambetta, pour partager un repas agrémenté de blagues qui rendaient Roger Magnusson hilare.
Robert Domergue venait volontiers au stade René Magnac. Il demandait à ses dirigeants de prendre exemple sur l’organisation de l’ASPTT Marseille. J’ai adoré José Arribas, entraîneur de grande classe. Chaque semaine, il me menait un joueur pro pour s’imprégner de l’atmosphère d’un club amateur. Sans oublier Gérard Gili, un éducateur dans l’âme devenu un bon copain.

Mario Zatelli était également très présent et avait établi un lien affectif avec Fernand Chaze. Avec l’arrivée de Bernard Tapie, c’est une nouvelle époque qui se mettait en place, beaucoup plus professionnelle et surtout en rupture avec le monde amateur.

6/ L’ASPTT Marseille, c’est près de 700 bénévoles et j’ai cru comprendre que tu étais très attaché à les préserver et les soutenir.
Comment définirais-tu un bénévole en trois mots ?

Je suis toujours autant admiratif devant les bénévoles. Il y a les ponctuels, ceux qui ne peuvent participer qu’à des jours et horaires précis du fait de leurs obligations familiales et professionnelles, qui sont néanmoins très utiles et puis il y a les permanents, ceux que nous retrouverons toutes les semaines pour assurer une fonction, voire une mission durant toute une saison
3 mots comme demandé  : disponible – engagé – responsable et je rajoute volontiers fidèle et complice.

7/ Ton rôle de bénévole s’est encore étoffé avec ta présence dans le CROS (Comité Régional Olympique et Sportif PACA) puis ton entrée dans les instances et en particulier au sein du District de Provence. Tu es d’ailleurs devenu par la suite Secrétaire général du District et même membre de la Commission de féminisation de la Ligue de Méditerranée.
Quelles sont les raisons qui t’ont conduit à intégrer les instances du football en 2009 ?

Comme indiqué précédemment, je faisais partie du comité consultatif, organisme qui étudiait des projets de modifications tant sur le plan administratif que sur celui du sportif et du juridique. J’ai dû inspirer confiance puisque Alain Porcu puis Christian Ponge m’en avaient confié la présidence des séances.
En 2008, alors que je venais de passer le relais de secrétaire général de l’ASPTT Marseille à Daniel Savy, après 28 ans à ce poste, Christian Ponge, Président du district de Provence a souhaité que je lui apporte de l’aide avec la création du pôle communication.
Dans la foulée, son successeur Michel Gau, m’a convaincu d’accepter la fonction de secrétaire général, tenue jusqu’en 2016. La tâche était prenante mais ô combien exaltante. Le football provençal a des ressources incroyables avec des hommes et des femmes aux générosités et compétences insoupçonnables.

Remise du challenge Georges Boulogne par l’Amicale des Educateurs de Provence de Football »
(Jean-Pierre en est le trésorier depuis septembre 2020)
8/ Quelle est l’action dont tu es le plus fier depuis tes premiers pas sur un terrain de football ?

L’action qui me vient en tête, c’est la création de la section « hippocampillon » à la section football du club en 1976, permettant à de jeunes enfants dès l’âge de 6 ans, de recevoir l’apprentissage du football. Je ne sais toujours pas si c’était une bonne idée de spécialiser les jeunes trop tôt. Ce qui est sûr, c’est que quelques années plus tard, l’ASPTT Marseille a créé le Baby Sport (enfant dès 3 ans) avec des séances multi activités, encadrées par des psychomotriciens, encouragées par la DRJ&S, au cours desquelles les enfants travaillaient le sens de l’équilibre, le sens des trajectoires, l’évolution dans l’espace, découvraient plusieurs disciplines avec des équipements appropriés.
Le but, c’était que l’enfant choisisse lui-même, avec l’aide de l’éducateur, le sport qu’il préférait et non pas celui imposé par les parents. Pour y avoir contribué avec un groupe de dirigeants passionnés, oui je peux dire que je suis fier de cette action, qui aujourd’hui s’est développé dans toutes les ASPTT de France sous l’appellation de Kidisport.

 Encadrement des jeunes le mercredi

Le Football Entreprise

9/ L’ASPTT Marseille possédait, il y a quelques années, une très belle équipe de Football Entreprise qui était coachée par Frank BORRELLI, le frère de Luc BORRELLI, gardien de but professionnel aux grandes qualités humaines et ancien du PSG, disparu subitement en 1999 suite à un accident de la route. Cette équipe s’est inclinée, dans le derby provençal, face à l’ASM CASSIS (0-1) en finale du Championnat National de Football Entreprise en 2014. Ce jour-là, grâce à une organisation impeccable de l’ASPTT Marseille, la FFF avait souhaité récompenser le club organisateur de l’événement en lui remettant la Plaquette Fédérale.
Cette finale avait marqué les esprits tant pour son suspense que par sa réussite populaire avec une tribune pleine et la présence d’un arbitre de Ligue 1, Mr Wattellier. C’est Mr Henri Bellezza (Président de la Commission Régionale du Football d’Entreprise et membre du comité directeur de la Ligue de Méditerranée) qui avait remis cette plaquette.
Avec deux clubs provençaux dans une finale nationale, le Football Entreprise était donc très présent et vivace en Provence il n’y a pas si longtemps. Paradoxalement, les compétitions FE ont été stoppées en Provence quelques années après.
Regrettes-tu cet arrêt des compétitions et comment s’explique t-il ?

Le parcours de l’équipe managée par Frank Borrelli a été exceptionnel tant sur le plan sportif que sur celui de l’état d’esprit exemplaire. Nous en gardons tous, à l’ASPTT Marseille, un souvenir très ému.  Nous n’avions pu vaincre nos amis de l’ASM Cassis mais quels beaux souvenirs tout de même. Et le Foot Entreprise avait été le grand vainqueur de cette journée.
Malheureusement, ces moments festifs et conviviaux n’ont pas été suffisants pour contrarier l’inéluctable, malgré la forte implication et motivation de Henri Bellezza, un homme et dirigeant exceptionnel de dévouement.
Sur le territoire de la ligue de la Méditerranée, seules les équipes corpo du district de la Côte d’azur semblaient le mieux résister. Dans le district de Provence, le nombre d’équipes engagées ne permettait plus de construire un championnat crédible et nous l’avons regretté. Je ne sais comment l’expliquer. Sans doute le déclin avec des entreprises moins solides dans notre région ? Des entreprises en difficulté qui se recentrent sur le cœur de métier et en écartent le tissu social et associatif ? Le manque de clubs leaders ? Un peu de tout cela sans doute.

10/ Au mois de Septembre, le District de Provence a changé de Président avec l’arrivée de Mr Erick SCHNEIDER. Ce dernier, avec lequel nous avons eu un long échange très positif, souhaite relancer le football Entreprise dans le District.
Comme Mr Erick SCHNEIDER, tu connais bien le monde de l’entreprise et celui du football : penses-tu que son dynamisme et sa volonté d’aller de l’avant pourraient relancer de belle façon le Football Entreprise en Provence, un district important en taille et poids historique ?

Oui je le pense sincèrement. Erick Schneider est un jeune Président, plein d’enthousiasme, qui connait le football, son territoire, ses clubs. Il a pu tisser son réseau. Je ne doute pas de sa capacité à relever les enjeux qui sont nombreux. Je crois savoir qu’il s’inscrit pleinement dans la politique définie par la ligue de la Méditerranée.
Il s’entend très bien avec le Président Eric Borghini, comme lui ancien arbitre. Même si les conditions liées à la crise sanitaire l’empêchent d’agir plus vite et plus efficacement, je suis convaincu qu’il s’emparera du dossier Football Entreprise avec son énergie légendaire dès que cela lui sera possible.
Photo : District de Provence

11/ En raison de cette pandémie, les entreprises, cela leur a été demandé, utilisent largement le télétravail. Cependant certains décideurs dont des DRH estiment qu’il y a des limites à l’utilisation de cet outil car le lien social se distend et la cohésion sociale en souffre inévitablement.
Le football, sport collectif et universel, ne pourrait-il pas être une des solutions pour accompagner les entreprises à retisser du lien à l’appui de toutes les pratiques qu’elles soient ‘’loisir’’ ou ‘’compétitive’’ ?

Pour une entreprise, c’est un axe de travail à ne pas négliger. Le football est un sport populaire qui parle au plus grand nombre. Dans l’entreprise, autour du café, le football est souvent au centre des discussions. Il peut l’être encore plus, si l’image de l’entreprise est portée par une équipe composée d’agents du lieu. Se retrouver à défendre, le samedi, les couleurs de l’entreprise, est certainement le moyen de cultiver le sentiment d’appartenance, le besoin de partager, l’envie de construire dans la performance.

12/ Corollairement, ne penses-tu pas, toi qui as bien connu une grande entreprise (LA POSTE), et sachant qu’il existe 4.5 Millions d’entreprises en France, que cet axe de développement pourrait se révéler un formidable levier pour la FFF étant donnée la forte baisse des licenciés ? Sans omettre les partenariats GAGNANT/GAGNANT qui pourraient être initiés, en particulier en faveur des jeunes entre les instances et les entreprises.

Lors d’une intervention de Noël Le Graët en assemblée générale, j’avais cru comprendre que l’homme était loin d’être hostile au Foot Entreprise, bien au contraire. Les entreprises ne le sont pas non plus car le football génère de l’intérêt, de la passion et le retour en investissement peut s’avérer intéressant.
Puissante Fédération aux objectifs toujours plus hauts, il est indispensable que la FFF retrouve son niveau de licenciés. Il en va donc de sa politique de croissance et de développement. Il en va donc de ses choix stratégiques.

13/ Tu as récemment écrit, lors d’un échange :
’’Le travail que l’association (UNFE) mène depuis plusieurs années avec des dirigeants très engagés sur le Foot Entreprise mérite bien évidemment l’écoute de la direction de la FFF’’.
Sur ce point, si tu avais cinq minutes pour convaincre Mr LE GRAET dans son bureau, quel serait ton message ?

Si j’avais cette opportunité, je lui dirais : « Monsieur le Président, comme vous le savez, le football est un sport populaire, il est universel ! Il doit s’ouvrir à tous. Nous sommes disponibles, engagés, motivés pour vous aider à reconquérir le monde de l’entreprise.
Vous qui êtes, un ancien chef d’entreprise, vous vous êtes appuyé sur le football parce que vous étiez convaincu que cette discipline est un sacré vecteur social et promotionnel. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, le Foot Entreprise a toute sa place dans ce nouveau monde, celui que l’on évoque après la période difficile que nous traversons.

Être convaincus pour vous convaincre, nous le sommes ! »

 Equipe ASPTT Marseille à Ajaccio : 6ème tour de la coupe de France à Mezzavia
 « Septembre 1968 : 1er match officiel avec l’ASPTT Marseille au stade René Magnac contre l’AS Aix »
14/ La pandémie actuelle provoque des dégâts financiers et humains dans les clubs amateurs.
Penses-tu que cette période difficile aura la vertu de resserrer les liens humains et fait naître des comportements solidaires insoupçonnés ? 

Je ne voudrais pas terminer cet entretien sur une note pessimiste. Les temps de demain seront compliqués car l’aspect économique sera présent au quotidien. Je suis plutôt pragmatique et lucide sur la question.

L’être humain est ainsi fait. Je pense que chacun va reprendre ses habitudes avec le souci d’encadrer ses équipes, de trouver des parents pour accompagner les enfants sur les différents sites de pratique, de choisir le meilleur équipementier, de fixer des objectifs sur les compétitions, de prévoir des manifestations et d’organiser des stages pour retrouver des caisses suffisamment remplies pour faire fonctionner son club.
Et s’il faut crier sur l’arbitre, on ne se gênera surtout pas ! Bref, le naturel qui revient au galop !
Rien de bien nouveau dans ce nouveau monde qu’on imagine.

Jean-Pierre vous salue bien !