Dynamique et connaissant bien le terrain, elle entre au BELFA

Pour ce 4ème entretien de notre rubrique ‘’LA RENCONTRE’’, nous avons souhaité présenter une dirigeante féminine dynamique qui poursuit une voie ascendante et prometteuse dans la hiérarchie du football amateur français : Véronique LAINE. C’est le principe même de cette rubrique qui met en visibilité des acteurs du football qui font avancer les choses. Véronique LAINE en fait partie.

Venue de Gravelines dans les Hauts de France, une région qu’elle a appréciée et dont elle garde de beaux souvenirs, elle a posé ses valises en région PACA et ses compétences en Ligue de Méditerranée dont elle est la Présidente déléguée, une première dans cette Ligue.
Elle est également très active au sein de la Commission fédérale de féminisation et celle de la Ligue du sport adapté/LMF. Dirigeante du club de l’US Touraine (La Tour d’Aigues), à la pointe sud de ce magnifique département qu’est le Vaucluse, elle connaît donc parfaitement tous les niveaux, le terrain et les diverses composantes du football.

Son élection, à la fin du mois d’Avril dernier, comme membre du BELFA (Bureau Exécutif de la Ligue de Football Amateur) ne vient pas couronner ce parcours mais la positionner comme une interlocutrice reconnue et écoutée au plus haut niveau du football amateur.

Que de chemin parcouru depuis ses premiers pas de jeune bénévole à la buvette de son club de Gravelines, et une voie associative dans laquelle son père, voire sa famille, l’ont un peu poussée. Véronique LAINE est désormais au cœur de la LFA, principale instance dirigeante du football amateur, ‘’une courroie entre la FFF et le monde amateur’’, comme l’a indiqué son Président Mr Vincent NOLORGUES. Nous avons souhaité en connaître un peu plus sur cette jeune dirigeante dont nous tairons évidemment l’âge sans oublier cependant de lui souhaiter, en ce 4 Octobre, un excellent anniversaire.


Que représente cette nomination au BELFA à vos yeux ?

C’est flatteur d’avoir été choisie. Il est important à mes yeux d’être au cœur du système pour faire avancer.
Je suis fière de faire partie de cette nouvelle équipe renouvelée et j’en profite pour les remercier de la confiance accordée.

Quel a été, dans votre parcours dans le monde du football, votre fil conducteur et qu’est-ce qui vous a motivée pour avancer et progresser jusqu’à en arriver au niveau national ?

Ma première licence date de 2002. J’aidais déjà le club à la buvette quelques années avant. J’ai ensuite été secrétaire générale du club pendant plus de 10 ans avec des équipes évoluant à différents niveaux de compétitions (CFA2 et D2F) ce qui m’a permis d’avoir une vision globale du foot. J’ai ensuite intégré la commission régionale de féminisation de l’ancienne ligue Nord Pas de Calais et le comité directeur du district maritime nord. Ce qui m’a motivée à avancer : c’est je pense ma passion et ma conviction à vouloir faire bouger les choses.
Ce qui m’a fait progresser c’est ma volonté de continuer, de ne pas lâcher malgré certaines difficultés et surtout, et c’est cela le plus important, la bienveillance et les encouragements de certaines personnes du monde du foot qui ont toujours cru en moi.

Brigitte HENRIQUES (ex Vice-Présidente déléguée de la FFF et depuis peu Présidente du Comité Olympique National Français) a déclaré à votre sujet :
« Véronique a la posture de dirigeante et la capacité d’accéder à des postes à responsabilités. C’est une femme passionnée, engagée, proche du terrain et des clubs.’’

Bel hommage mais quel est votre défaut principal ?

Je dirai l’exigence.

Avant de passer aux questions concernant le football, et sans tomber dans la caricature cinématographique des ‘’Ch’tis’’ comment s’est passé votre ’’transfert’’ depuis Gravelines vers le sud de la France et que retenez-vous humainement de votre passage en Ligue des Hauts de France ?

Le transfert s’est bien passé. Ma mère est originaire du sud, donc je ne suis pas arrivée en terre inconnue, j’ai toute ma famille ici. L’intégration se passe facilement quand on partage la même passion et les mêmes objectifs, j’ai en plus eu la chance d’être tombée sur de belles personnes.

J’ai rencontré et travaillé avec des gens très compétents dans le Nord, des personnes qui m’ont toujours motivée et encouragée à continuer, à rester moi-même et aller plus loin. Humainement je retiendrai l’esprit de convivialité et l’entraide.

LE FOOTBALL AU FEMININ

Quel est votre rôle au sein du BELFA et quelle sera votre prochain gros dossier ?

Je vais m’occuper du bénévolat et de la mixité.  Les lignes ont commencé à bouger. Certes çà ne se voit pas forcément en terme de « titre » mais de plus en plus de femmes prennent des responsabilités au sein des instances, des clubs. A une époque on prenait une femme juste pour respecter les statuts et avoir la représentante du foot féminin. Or qu’on soit un homme ou une femme, ce sujet est à porter par tout le monde. De plus on ne « cantonne » plus les femmes qu’à un rôle de développement du football féminin (ce n’est pas du tout péjoratif) mais on leur confie aussi des missions en fonction de leurs compétences.
Nous voyons donc que les choses évoluent, peut-être pas assez vite mais l’ouverture est là.

Le Bureau Exécutif est composé de neuf membres avec quatre nouveaux éléments dont deux féminines.
A l’image du BELFA, très (trop) peu de dirigeantes féminines sont présentes dans les instances alors que le football féminin est en plein développement (aucune Présidente de Ligue et trois Présidentes de Districts seulement). Pour exemple, la Fédération Française de HANDBALL compte un Bureau directeur dans lequel la parité est respectée.

N’y a-t-il pas, au sein de la FFF,  un travail de fond et de conviction à réaliser pour commencer à remédier à ce qui ressemble à une ‘’anomalie’’ ?

Pas de présidente de ligue mais une Présidente Déléguée et des Vices Présidentes, 3 Présidentes de District.
Je pense que le travail de fond est à réaliser dans le sport de manière générale, pas seulement dans le foot. Je ne parlerai pas d’anomalie mais de nouvelles étapes à franchir. Oui il y a un travail de fond à continuer, de conviction sûrement aussi mais il n’y a aucune raison pour que nous ne continuions pas à avancer. En tout cas pour connaître les femmes du « club des 100 », je peux vous dire qu’elles sont de très bonnes ambassadrices et qu’elles sont motivées pour continuer encore et toujours à faire bouger les lignes. Il y a aussi, et ne l’oublions pas, beaucoup d’hommes qui portent les valeurs de la mixité.
Comme j’ai coutume de dire « seul on va vite, ensemble on va loin », nous avons donc toutes et tous l’ambition d’aller loin.

Vous êtes donc très active et impliquée pour le développement du football féminin et dans d’autres domaines.

La féminisation du football progresse et c’est une bonne chose. Mais elle n’est pas concrètement visible en entreprises. De nombreuses actions ou projets ont été initiés par la FFF ou par des Ligues comme ‘’le mois du football féminin’’ en Ligue du Grand Est ou ‘’ Le football féminin, c’est déjà un but ‘’ en Ligue de Paris IDF.  

Quels seraient vos arguments pour convaincre une jeune de devenir dirigeante ?

Les arguments sont nombreux, je lui dirai d’oser ! Le foot a besoin de tout le monde, de jeunesse, de mixité sociale, d’hommes et de femmes qui impulsent un nouveau souffle, qui apportent un nouvel élan aux clubs. J’ai pour habitude de parler du Programme Educatif Fédéral et du rôle qu’elle pourrait jouer sur diverses thématiques en apportant sa sensibilité et de nouvelles idées.

Si elle veut devenir dirigeante, s’engager, qu’elle peut le faire et qu’elle a toute sa légitimité pour cela.

Pour les entreprises qui possèdent ou pas des clubs officiels et qui souhaitent en créer, l’UNFE prône un développement initial du football féminin à travers de l’événementiel (ex : plateaux mensuels) plutôt que l’intégration quelques fois trop hâtive dans des compétitions souvent synonymes de découragement rapide.
Compte-tenu de la baisse très significative des licenciés, pensez-vous que le développement du football féminin sous toutes ses formes, loisirs et compétitives, sous toutes ses pratiques, au sein des entreprises, peut se révéler une piste intéressante à exploiter pour et par la FFF ?

Je pense que le développement du football en entreprise est une bonne idée, sur l’aspect sport santé, loisirs. C’est une piste intéressante.

Nous avons constaté que nous avons beaucoup de dirigeantes exceptionnelles qui œuvrent dans l’ombre dans des clubs de Foot Entreprise, mais que très rarement sur le devant de la scène. Pourquoi, selon vous ?

Sûrement par manque de visibilité, mais je vous rejoins : il est important de pouvoir identifier toutes les femmes impliquées dans le football.  

LES BENEVOLES

Pour exister et avancer, la FFF et ses clubs ont besoin d’éducateurs et de bénévoles, trop souvent dans l’ombre bien qu’ils fassent partie intégrante du football. Un vrai statut du bénévole est évoqué depuis de nombreuses années, sans résultat tangible.

Mme Roselyne BACHELOT, Ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, avait indiqué, en mai 2007, à la représentation nationale :

’Je veux que les années de bénévolat dans des associations valident des années de cotisations de retraite. Je veux que les étudiants qui consacrent du temps à une association, soient valorisés dans les examens qu’ils passent, avec des bonifications de points… Le bénévolat doit être encouragé, récompensé, valorisé, pas forcément rémunéré ». Pour concrétiser ces engagements, le Président de la République a demandé la création d’un livret d’épargne civique qui accompagnera le bénévole pendant toute la durée de son engagement et lui permettra l’ouverture de droits.’’
A ce jour, quinze ans plus tard, le bénévole, espèce en voie de disparition en manque évidente de reconnaissance, ne bénéficie d’aucun statut. 
  

Quelle seront vos premières initiatives pour  sur ce dossier ?

On entend parler depuis longtemps du statut du bénévole et malgré cela rien n’avance vraiment.
L’idée de Mme Bachelot est intéressante et j’y adhère totalement.
Je pense sincèrement qu’avec une définition claire du statut du bénévole les choses évolueraient plus vite. Ils sont un maillon essentiel, sans eux rien ne serait possible. Il faut d’ailleurs les remercier pour le temps qu’ils accordent au sein de nos clubs et les féliciter pour leur engagement.
Si nous voulons avoir plus de jeunes investis çà passera aussi par une refonte du statut et des valorisations. Il faut les intéresser et les motiver à s’engager. Que çà soit du gagnant/gagnant.

Parmi les cinq mots qui suivent, quel est celui qui définit le mieux  ‘’la dirigeante bénévole’’ ?

Don de soi, sacerdoce, plaisir, reconnaissance, une école de vie ? Si vous en avez un 6ème, n’hésitez pas !
Ces mots définissent également « le dirigeant bénévole », j’en rajouterai donc un 6ème la légitimité.

LE FOOTBALL EN ENTREPRISE

Parmi les propositions structurelles de l’UNFE, la mise en place d’une ‘’Commission nationale de développement du football entreprise’’ était une priorité avec une déclinaison dans toutes les instances régionales. Nous avons rencontré le président de la LFA le 28 Juin à ce sujet. Mr NOLORGUES a indiqué que cette structure serait créée et comprendra des représentants de la LFA, de la FFF et de l’UNFE.

Quel est votre avis ?

Effectivement et il me semble d’ailleurs que la COMMISSION FEDERALE FOOTBALL SANTE ET ENTREPRISE  a été créée avec notamment pour mission la gestion de la coupe nationale de Football d’entreprise et la mise en place d’un plan d’actions « Foot santé en entreprise », des élus de la LFA travaillent sur ces sujets : Cédric Bettremieux et Philippe Le Yondre.

Corrélativement, la ligue Paris Ile de France et son président Jamel SANDJAK viennent de valider la mise en place d’un ‘’Pôle développement et promotion du foot en entreprise’’ au sein de la Commission Régionale FE. Une première réunion a eu lieu le 27 Septembre et un plan d’actions est sur les rails.

Pensez-vous que d’autres Ligues régionales, dont celle de Méditerranée, pourrait s’inspirer de cette initiative ?

Je sais que le Secrétaire Général de la Ligue Méditerranée a rencontré des représentants de l’UNFE. Très sincèrement je ne sais pas où ils en sont dans les réflexions et ce qui sera proposé. Il est important que chaque territoire puisse étudier les besoins, et répondre aux attentes des différents publics. L’initiative de la Ligue Paris Ile de France est intéressante car elle répond à une demande et un vivier existe.

QUESTIONS PERSONNELLES

Un joueur ou un dirigeant vous a-t-il, un jour, fait un compliment pour votre action de dirigeante ?

Ce n’est pas tant les compliments qui m’importent, même si ça fait toujours plaisir,  mais une reconnaissance de l’action menée et de l’investissement et je reconnais qu’en ce sens j’ai toujours été soutenue et encouragée par des joueurs et dirigeants, ça motive.

Qu’est-ce qui vous agace le plus sur et autour du terrain ?

L’intolérance et tous les propos injurieux.

Avez-vous une anecdote sympa durant votre parcours de dirigeante ?

Ma rencontre avec Aimé Jacquet en 2007 lors d’un tirage au sort pour la Coupe de France. Il m’avait dit que c’était rare de voir des jeunes femmes dirigeantes et de continuer dans cette voie.

Plus généralement, dans le monde du football, quelle est la qualité chez la femme qui fait la différence : l’intuition, une meilleure prise en considération des aspects humains, la sagesse…etc ?

Très difficile de répondre, car des hommes peuvent aussi avoir ces qualités. Je dirai un œil nouveau et la sensibilité. Mais j’insiste c’est avec plus de mixité sociale, de représentations diversifiées que le football avancera.

Avant la phrase de conclusion de Véronique LAINE, nous avons contacté Mr Pierre GUIBERT (cf photo ci-dessous), nouveau Secrétaire général de la LFA mais aussi ancien Président du District du Var et présent dans les instances de la Ligue de Méditerranée. Il vient également d’intégrer le Conseil d’Administration du FondaCtion du Football au titre de représentant de la FFF.
Il connaît bien Véronique LAINE et nous a transmis son sentiment sur cette dirigeante qu’il côtoie et qu’il apprécie :

C’est vrai que je connais bien Véronique et que son parcours mérite d’être mis en avant.
Véro se bat depuis de nombreuses années pour développer la féminisation, la mixité et l’égalité femme/ homme. Ces thématiques grâce à son implication ont beaucoup évolué et les regards puis les mentalités ont changé ; les femmes sont arrivées aussi bien dans les comités que dans les clubs à des postes à responsabilités. Présidentes, secrétaires, trésorières, dirigeantes dans les clubs et présidentes, membres de comités et de commissions de districts ou de ligues, la femme est aujourd’hui incontournable dans tous les projets fédéraux.
Véro, membre de notre équipe du BELFA a en charge de conforter le développement du Football Féminin sur tout le territoire.
Pour l’anecdote il y a quelques années lors de comités de direction, il n’était pas rare de voir des membres aller téléphoner  ou autres pendant que Véronique intervenait ! Aujourd’hui, première vice-président déléguée d’une ligue en France, elle est non seulement écoutée mais surtout elle sait être convaincante dans chacune de ses interventions.

En conclusion, avez-vous un message à faire passer ?

Le terrain est rectangulaire et le ballon rond pour tout le monde, donc homme, femme,  toutes et tous ont une place à prendre pour partager la même passion.

MERCI à Véronique LAINE et Pierre GUIBERT

Entretien : Daniel TESTE